
Ah, j’entends déjà les quolibets ! “Oh, mais tu as quel âge pour regarder Derrick ?”, “Bientôt la retraite ?”, “C’est pas trop moderne pour toi ?”…
Derrick, pour celles et ceux qui ne le savent pas, et/ou qui n’ont pas vécu dans les années 1980, c’est le feuilleton culte diffusé par FR3 (oui, ça s’appelait comme ça à l’époque) chaque dimanche soir. Juste après Benny Hill, pour les puristes 😄. Les aventures d’un inspecteur munichois, accompagné de son fidèle coéquipier Harry Klein. Bon, pour ma part, j’allais me coucher avant Derrick (il fallait être en forme pour le lendemain : interro sur les tables de multiplication), et le dernier souvenir auditif de mes week-ends était le générique de la série. Un générique entraînant au début, et déprimant après les trois premières mesures… Bref, une vraie bande son du dimanche soir !
Quel lien avec l’article me direz-vous ? Aucun. Mais si vous êtes toujours là, amis lecteurs, c’est que vous êtes motivés pour lire ce qui va suivre. Car oui, je l’affirme : l’inspecteur Stephan Derrick aurait été un commercial d’élite ! Qu’il mène son enquête, interroge les suspects ou arrête les criminels, il possède la panoplie du parfait vendeur. Petite synthèse des éléments à retenir de la panoplie de notre inspecteur munichois.
1. Derrick, le maître du temps
On glose souvent sur la lenteur de cette série (surtout ceux qui ne l’ont jamais regardée), mais à y voir de plus près, on assiste à une véritable maîtrise du temps chez notre inspecteur teuton. Il impose son propre timing , et on ne le sent jamais pris au dépourvu. Au contraire, c’est lui qui parvient à destabiliser ses adversaires. Pour cela, une technique connue de tous les commerciaux, et malheureusement rarement appliquée : la gestion du silence. Tous les vendeurs savent qu’il faut parfois garder le silence lors d’un entretien. En particulier lorsque l’on vient de faire une proposition commerciale. Le premier qui parle est souvent le futur perdant. Surtout pour le commercial, car cela traduit chez lui un certain malaise, un besoin de parler pour briser le silence. Or, pourquoi avoir peur de laisser réfléchir son client ? Cette situation ne se produit jamais chez notre ami Stephan. En gardant le silence et en fixant son interlocuteur, il fait même coup double : « je pose ma question et j’observe ta réaction ». Du grand art ! Par ailleurs, il n’y a jamais de nouvelles questions avant d’avoir obtenu la réponse à celle posée. Derrick, le maître du temps
2. Derrick, le roi de la reformulation
C’est bien simple, lorsqu’il mène un interrogatoire, il reprend au moins trois fois son interlocuteur : “vous avez bien dit que…”, “Vous avez affirmé que…”, etc. Pas de place au doute pour Derrick ! Par ailleurs, lorsqu’un suspect ou un témoin a effectué une déposition, il n’oublie jamais de la citer la pour justifier ce qu’il avance. Réutiliser les mots de la personne interrogée, voilà quelque chose qui est familier au commercial ! C’est pourquoi il est primordial pour un vendeur de noter ce que dit son client : de noter sa véritable phrase, avec ses propres mots, afin de lui rappeler ce qu’il a dit, et de le forcer à préciser certains points. Cela aura toujours plus d’importance et d’impact dans l’esprit du client que de généraliser ses propos de manière vague. Derrick, le roi de la reformulation.
3. Derrick, le king du closing
Si certains commerciaux ne savent pas conclure leur vente, no problemo pour Derrick : « Vous êtes en état d’arrestation« . C’est clair, net et précis. On ne tourne pas autour du pot. C’est logique, l’enquête a été menée judicieusement et avec soin, les éléments nécessaires ont été relevés et vérifiés : le couplable est trouvé. L’arrestation est donc la prochaine étape, c’est normal. Alors pourquoi hésiter à conclure une vente ? A partir du moment où vous avez effectué votre travail correctement, il n’y a plus aucun sujet. Lors de votre prochaine signature, pensez à Derrick (sans sortir votre arme ou les menottes, please…) ! Derrick, le king du closing.

4. Une présentation irréprochable
Je sens déjà les moqueries : « Derrick, le papy« , « Derrick, un style de vieux« … Désolé de vous décevoir les gars, mais le style de Derrick est un quasi sans faute, et vous feriez bien de vous en inspirer.
- Les costumes
Ses costumes sont parfaitement taillés et bien assortis. Parfois un peu ternes, certes, mais il n’y a aucune faute de goût. Une élégance discrète et austère. On est loin des chemise blanches avec des boutons noirs, des costumes slim (sur une carrure plutôt fat) avec des cravates ridiculement étroites, les bras de chemise recouverts par les manches trop longues de la veste, ou encore les pantalons qui découvrent des chaussettes avachies et des mollets poilus qui feraient défaillir la plus solide des esthéticiennes… N’en jetez plus ! Il ne manque plus que la cravate Mickey, et bienvenue à la Banque postale. Evidemment, le style Derrick est éloigné des costumes de « Deux flics à Miami« , mais l’élégance est là. De plus, à la différence de son collègue (Harry Klein, je le rappelle), Derrick ne change pas de style au fil des épisodes. Cette constance lui donne encore plus d’envergure. Et puis le pince cravate, détail ultime, j’adore ! Quant aux lunettes, voyez celles du Professor dans La casa del papel : le style Derrick revient !


- Les montres
On peut critiquer la Rolex or jaune, mais cela classe le commercial et impressionne le client (il a réussi et gagne de l’argent). On note que Derrick est amateur de l’horloger suisse, puisque différents modèles sont vus à son poignet au fil des épisodes.

- La BMW
Enfin, rien à ajouter sur la BMW Série 5 (puis Série 7 lors des derniers épisodes). Premium, élégante, discrète et raffinée : elle se marie parfaitement avec le style vestimentaire de son conducteur. Pour ma part, c’est clairement une des raisons pour lesquelles j’aime les BMW. Danke schön, inspecteur ! Une voiture qui donne envie de rouler et d’accumuler les kilomètres, non ? A négocier avec votre employeur ! 😉

5. Derrick, toujours disponible
Toutes celles et tous ceux qui cherchent à joindre un conseiller par téléphone le savent bien : ça ne décroche jamais. Pas de problème avec Derrick, vous pouvez l’appeler à n’importe quelle heure, il est toujours dans son bureau et décroche illico. Par ailleurs, il n’hésite pas à se déplacer chez ses « clients » pour obtenir une information ou poser une question, et ce à n’importe quel moment de la journée. C’est bien simple, on a l’impression qu’il ne vit que pour son métier ! Sans aller jusqu’à ce cas extrême, il est bien évident que savoir se montrer disponible pour son client est aujourd’hui particulièrement apprécié et fais souvent la différence.
Conclusion : Derrick, c’est la Deusche Qualität !
Bref, j’espère vous avoir convaincu qu’avant de critiquer notre bon Derrick, il est toujours préférable d’observer et de se faire sa propre opinion ! D’autant plus que j’aurais aussi pu m’intéresser à ses qualités de manager, car là aussi, on assiste à une maîtrise totale. Ce sera peut-être pour un prochain article 😁 !
En attendant, au travail ! Ou plutôt Arbeit ! Et plus Schnell que ça ! 🇩🇪
